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             Pierre Soulages, le soleil outrenoir. Par Patrick Tafani. 

 

 

 

   Soulages, et la lumière arrêtée par les étincelles, par la couche de froid, jadis et à présent, étirée sous un feu primordial, le noir ici n’est jamais noirceur mais beauté béante à travers l’aubier d’une nuit repliée. La texture semble se mouvoir en une longue et matricielle immobilité mais c’est déjà la controverse de cœur qui est plus frappante depuis que ce cœur a uni la nuit dans sa noble élucidation. 

   Seule et à vif, la couleur possède l’amplitude du nadir où l’ostensible se fraye le passage des arches pour  apparaître mélangé d’abîmes et de merveilleux. 

   L’étoile se recentre dans le nulle part de la forêt ; c’est le plein jour de l’évidence heureuse, de la magie surdimensionnée des lointains. La patience de la surface se fait profondeur et la taille-douce et sa morsure composent le vertige et la naissance de l’encre qui se répand et s’édifie.

   En creux, le litige de la fluidité et de l’épaisseur s’exonde, la transformation s’apparaît, se dévisage puis s’estompe vers ce noir amoureux, ce noir charnel qui se courbe, s’aventure dans la matière, le feu, la création.

   Pierre Soulages travaille et sillonne le cuivre jusqu’aux confins du risque vers ces territoires inavoués, tempérant les soucis de l’inconnu.

   A l’arrachement, le point culminant, l’effort drapant la gravure ou la toile, la suite titanesque, le désir d’effondrement et d’élévation se succédant. Puis en une fulgurance fulgurée le commencement créé, le pli qui rend lumière, la lumière qui rend le pli, comme une main pensive se pose sur la liberté éprouvée du soleil outrenoir.